Cette première semaine de février a été rythmée par trois évènements autour de l’architecture en Martinique, dans cet article, nous vous proposons le résumé de ces rencontres avec quelques professionnels qui fabriquent notre territoire.
1er Palmarès d’Architecture de Martinique
Célébrer l’ingéniosité, la créativité et l’innovation des architectes de la Martinique, mettre en lumière les réalisations exceptionnelles qui façonnent notre paysage architectural tels étaient les objectifs de ce 1er P.A.M lancé en 2024 par la Maison de l’Architecture et organisé en collaboration avec le CAUE, la DAC et l’ordre des architectes de Martinique. Ce palmarès vise à mettre en lumière la conception et la production d’architectures qualitatives locales au travers d’un appel à candidature et d’une exposition. Une bonne occasion de faire découvrir et valoriser la créativité des architectes, des urbanistes, des paysagistes, et de toutes les équipes qui contribuent à la réalisation de projets architecturaux d’exception. La qualité architecturale, l’intégration harmonieuse dans l’environnement, la durabilité et l’impact social ont été des critères déterminants pour un jury composé d’experts du cadre de vie.
Le Jury était composé de 7 membres :
– Yadhira ÁLVAREZ : Architecte – Présidente Biennale Panaméricaine d’Architecture de Quito – Équateur
– Alex Martínez : Architecte – République Dominicaine
– Gerardo MONTARULI : Architecte – Président de la FPAA – Argentine
– Eric RAMLALL : Architecte – Maison Architecture Guadeloupe
– Pierre ROSIER : Architecte – ENSA La Réunion – La Réunion
Ainsi mardi 04 février, le public averti a découvert les lauréats du 1er palmarès d’architecture de Martinique qui s’est tenu à l’Ordre des architectes de Martinique en soirée.
Les 6 critères du Jury étaient :
-Contextualisation : Valoriser une architecture engagée dans un dialogue entre les milieux naturels et culturels dans lesquels elle s’insère.
–Environnement : Valoriser les démarches de sobriété énergétique et les solutions innovantes en matière d’adaptation aux contraintes naturelles insulaires (eau, vent, soleil, déchets).
–Patrimoine : Valoriser et révéler le patrimoine en respectant l’architecture originelle, les savoir-faire vernaculaires et la mémoire des lieux comme socle d’une mutation des territoires ruraux.
–Technique : Valoriser l’utilisation de ressources issues de circuits courts et le recours à des techniques de mise en œuvre locales.
–Innovation : Valoriser une architecture innovante par son fonctionnement, son programme, sa mise en œuvre/réalisation ou son caractère original.
–Qualité : Valoriser une architecture qualitative et cohérente dans son ensemble.
Les gagnants sont :
Equipements culturels : DOME (Domaine d’expérimentation martiniquais) – Florence Le Gall
Tertiaires : L’hôtel PANORAMIC – Olivier Compère
Interventions urbaines : La Chapelle Oubliée- LoCo architectes avec Léna Decorte, Lisa Liffraud, Vincent Lussac et Maxime Gaudefroy
Etudiant et projet non réalisé :L’arbre à palabre
Le Palmarès de l’Architecture de Martinique que nous souhaitons pérenne concourt à la sensibilisation de tous les publics à la place et l’importance de l’architecture dans notre quotidien et souligne son rôle central dans la création d’espaces fonctionnels et esthétiquement agréables.
Dans le cadre des « CinéArchi », La DAC Martinique, l’Ordre des Architectes de Martinique, la Maison de l’Architecture de Martinique et le CAUE Martinique proposaient le mercredi 05 février 2024, la projection du court métrage PENSER L’INCERTITUDE. Cette réalisation de Christian Barani vous offre une rencontre avec les 24 lauréats du concours des AJAP. Fondé en 1980, le concours des Albums des jeunes architectes et paysagistes (AJAP) vise à identifier et promouvoir de nouveaux talents dans ces deux domaines, tant en France qu’à l’international. Les AJAP accueillent les architectes et paysagistes concepteurs âgés de 37 ans ou moins.
Parmi les équipes lauréates figurent Abitē. C’est une agence mais aussi une association, créée par les architectes David Fontcuberta Rubio et Rafael José Salcedo. Ces deux architectes font partie des lauréats de ce concours sous la mention “Autres voies de l’architecture”, en reconnaissance de leur engagement en médiation architecturale et culturelle. C’est la première fois, depuis la création du prix en 1980, qu’un territoire ultramarin est ainsi mis à l’honneur—une étape importante dans l’histoire de cette distinction.
Le film pose, in fine, le sujet du métier de l’architecte, notamment avec l’intervention de jeunes professionnelles qui présentent leur pratique et leur vision de la profession.
Dans un amphithéâtre quasi comble, au côté de nos partenaires, le CAUE trouve ici une occasion de transmettre, partager, rendre accessible et faire évoluer les regards et les exigences. À l’issue de la projection, les échanges ont été nombreux !
Du 5 septembre au 25 octobre 2024, une trentaine d’événements ont été organisés sur l’ensemble du territoire français, y compris l’Outre-Mer. Ces rencontres visaient à mettre en lumière la contribution de l’architecture dans l’amélioration de notre cadre de vie commun. À la suite des évènements sociaux qu’a connu la Martinique, fin 2024, l’évènement, organisé par le CROAM, s’est tenu le jeudi 06 février 2025, et avait pour thématique « Réparer la ville martiniquaise ».
Comment réhabiliter des centres-bourgs aux regards des défis environnementaux et des nouvelles exigences de durabilité tout en préservant l’histoire de ceux-ci ? Quels leviers d’actions, implanter, en réponse à une ville plus résiliente et éco-responsable ?
L’événement fut composé de deux tables tondes : la première sur la Réhabilitation des centres-bourgs, la seconde sur la décarbonation et l’inclusion des filières locales de matériaux biosourcés en architecture.
Emile Romney, architecte guadeloupéen nous a présenté son projet « 1000 kaz sové pou 1000 fanmi en Kaz ». Il s’agit d’une « suggestion » adressée aux autorités publiques, afin de répondre à l’urgence de la demande en logement du territoire guadeloupéen tout en préservant un patrimoine architectural en déclin. M. Romney propose ce défi remarquable dans le but de favoriser l’unité et de promouvoir des secteurs artisanaux liés à la construction.
Jean-Paul Aurore, représentant de la ville de Saint-Pierre nous a expliqué les mutations, et l’évolution de la ville de Saint-Pierre, tout en se questionnant sur le mariage entre une ville « ancienne » et les enjeux contemporains (accessibilité, rénovations, bioclimatique, parasismique).
Par la suite, les architectes d’abitē ont pu présenter, quant à eux, leurs projets depuis 2020 et plus particulièrement leur démarche principale, intitulé VAN DAN VIL qui aspire à renforcer les interactions et les espaces sociaux urbains, à travers la rénovation de toits-terrasses, de cours intérieures et de séquences urbaines, dans l’objectif d’offrir une alternative sur l’évolution de la ville martiniquaise et caribéenne future.
La deuxième table ronde avait pour titre La décarbonation et l’inclusion des filières locales de matériaux biosourcés en architecture. Cinq professionnels ont pu expliquer quelques solutions de réemploi, de recyclage et de réutilisation en Martinique.
Anissa Zapata, Vice-présidente de l’association KEBATI et Consultante Energie-Climat nous a présenté qu’il existait déjà des solutions et des outils autour de la transition énergétique et concernant nos comportements à l’échelle individuelle et collective.
Eddy Ouly – Batikréol, Batimat recyclage, Président FFB Martinique nous a dressé un état des lieux du chantier pilote de l’Ex-Hôpital du Lamentin et notamment la démarche de déconstruction sélective. Contrairement à la démolition classique, c’est une approche méthodique visant à préserver au maximum les matériaux pour leur réemploi mais également avec un impact social important.
Livia Flavien – Chargée de mission en Écologie Industrielle et Territoriale Martinique de l’Association Entreprises et Environnement nous a expliqué les missions et réalisation en matière d’économie circulaire et l’importance de sensibiliser les acteurs de la construction au réemploi tout en prenant compte les spécificités liées au caractère insulaire et environnemental.
Martin Brichant -Directeur général de Martinique Recyclage, groupe Seen nous a exposé la nouvelle filière de recyclage du plâtre.
Valentin Lacroix – Président de Emerwall nous a présenté les points forts de son matériau innovant. À partir de bagasse issue de la production de sucre de canne, cette jeune société martiniquaise, déjà récompensée, fabrique localement des panneaux d’isolation écoresponsables.
Participer à ces temps d’échanges fut inspirant et porteur d’espoir pour une île qui devient un laboratoire à ciel ouvert afin de répondre à des enjeux tropicaux que de plus en plus de régions dans le monde connaissent. Des solutions architecturales innovantes déjà mises en œuvre et des pistes pour relever les défis environnementaux, sociaux et économiques de la Martinique se mettent en place. En espérant que cette réflexion collective perdure et touche le plus grand nombre de martiniquais, pour un meilleur cadre de vie !