Un projet de construction d’immeubles à l’angle de la place Jules Grévy et de la rue Pory-Papy, ainsi qu’à l’angle des rues Doume et Perrinon, a nécessité un diagnostic archéologique prescrit par l’Etat.
Cette opération a permis de découvrir des vestiges amérindiens et modernes. Ainsi, le Service Régional de l’Archéologie (SAR) a prescrit une fouille préventive sur deux parcelles de 537 et 240 m².
La Ville du Carbet a déjà mentionné plusieurs sites précolombiens du Saladoïde cédrosan moyen-récent et du Troumassoïde (350 à 1500 ap. J.-C.). Cette longue période a pu être évaluée par rapport aux nombreux fragments de poterie et à leur localisation au-dessus des traces de l’éruption volcanique P3 (vers 60 ans av. J.-C.), et au-dessus de celle de l’éruption P1 (vers 1300 ap. J.-C.). Les deux parcelles fouillées ont permis pour la première fois d’observer l’organisation d’un habitat précolombien. Ces découvertes sont donc majeures pour l’histoire du Carbet, et plus largement pour celle de la Martinique. L’étude d’un mobilier important réalisé essentiellement en céramique, donnera des informations sur le mode de vie des habitants du Carbet avant et après la colonisation. Ont été notamment remarqués des vestiges de platines à manioc, de coupes et de bols richement décorés (incisons, gravures peintures blanche, rouge ou orange).On retrouve un modelage avec des petites papules (boutons) et des adornos (éléments décoratifs zoomorphes ou anthropomorphes sur les bords des céramiques). Des outils tranchants découverts ont probablement été fabriqués avec des galets volcaniques. D’autres objets en pierre, petits éclats de silex ou de jaspe rouge observés sur les sites, ont peut-être servi à râper le manioc. Des vertèbres de poissons et des conques de lambi découvertes sur les deux parcelles, ont certainement été utilisées pour la fabrication de haches. La fouille archéologique atteste que les Amérindiens consommaient des produits de la mer, en plus des iguanes et oiseaux. Des trous de poteau indiquent la présence de constructions amérindiennes successives au bourg du Carbet. Plus d’un dizaine de sépultures amérindiennes y ont été retrouvées, ce qui est extrêmement rares en Martinique.
S’il n’a pas été accrédité historiquement que la quatrième expédition de Christophe Colomb ait accosté sur la plage du Carbet, il a en revanche été prouvé que les premiers colons français ont débarqué en 1635 au Carbet. Les deux sites fouillés ont permis de voir plusieurs niveaux de constructions maçonnées datant entre le XVIIe et le XXe siècle. Les premiers bâtiments construits en pierre ont été au fil du temps remplacés par des maisons en bois traditionnelles. Ils avaient au départ des toitures en ardoise, en tuile écaille et mécanique, puis en tôle ondulée. De la vaisselle en céramique et en verre, des ferrures, des pièces de monnaie, des pipes en terre cuite, de la faune, des billes et pièces de domino en os de l’époque moderne, ont aussi été découvertes sur les deux sites fouillés par le bureau d’études EVEHA (Etudes et Valorisation Archéologiques).
Source : EVEHA
Photo et article : Corinne PLANTIN