Partons à la découverte d’une maison hors du commun, à Sainte-Luce. Une forme originale qui répond au contexte résidentiel et au rêve d’un habitant fan de western. Nous avons interviewé Eric Millet, propriétaire et charpentier de métier, qui a auto-construit sa maison.
La vidéo
Le projet
CAUE : Pourquoi une maison heptagonale ?
Éric Millet : J’aime bien les westerns. Et dans ce genre de film, il y avait des bivouacs, avec les roulottes réparties en cercle et au milieu, du feu. Dans mon projet, j’ai juste remplacé le feu par l’eau avec la piscine. Les roulottes ( les pièces) sont autour de la piscine. Pour accéder aux roulottes, il y avait des marches, c’est pour cela qu’il y a un changement de sol entre le patio et la coursive. Voilà, l’origine formelle de la maison.
CAUE : Quelles ont été les démarches pour trouver un terrain qui correspond à votre maison de rêve ?
E.M : Au départ, nous avons cherché un terrain plat, ce qui est très, très, difficile à trouver pour pouvoir accueillir une maison avec une telle emprise au sol. Nous avons visité des terrains partout sur l’île. Et le site sur lequel nous avons construit, nous a plu , et ce, malgré un relief important. Nous avons aimé le microclimat du lieu.
L’espace de vie est exposé au soleil levant et permet à l’air de pénétrer dans le patio, puis dans la chambre. On a nstallé une porte d’entrée qui mesure 4 m² pour amener le maximum d’air. Les façades localisées à l’Ouest sont très peu ouvertes afin de se préserver des rayons du soleil couchant.
Etant dans un tissu résidentiel assez dense, une maison à patio permet de créer un cocon, un espace extérieur abrité de tous les regards.
Les bungalows ont dû être reliés par une toiture pour ne pas être considéré comme étant des projets distinctifs. S’il y a des volumes distinctifs, ils auraient dû être éloignés d’au moins trois mètres. Ainsi, relier les volumes, par le biais de la toiture semblait la solution pour donner l’impression qu’un volume était créé. Le fait que la toiture forme un tout unique, en reliant les différents espaces, crée un effet d’intimité encore plus marquant.
CAUE : Les coursives sont ouvertes, ne craignez-vous pas la pluie ?
E.M : Nous vivons ouverts et acceptons que lorsque la pluie tombe qu’elle éclabousse un peu.
CAUE : La maison, a-t ’elle une structure bois ?
E.M : Oui, la maison est en ossature bois. La toiture est en tuile et le sol en bois. L’essence de bois utilisé est du pin en ossature et en remplissage. Le remplissage, c’est de l’OSB* imitation bardage. Les murs possèdent une double-face, c’est à dire que dans le mur entre les deux panneaux de remplissage passent tous les câbles et toutes les tuyauteries. Tout cela est compris entre les deux panneaux. Les murs ont donc une double paroi, avec une prise d’air en bas et une sortie en haut pour la circulation de l’air chaud. C’est un principe de thermodynamique, l’air chaud monte tandis que l’air froid descend. Les murs fonctionnent ainsi comme une cheminée ! Cette technique permet à la maison d’avoir un confort thermique important.
CAUE : Est-ce qu’après douze ans, vous vivez bien cette maison ?
E.M : Oui, avec une différence, néanmoins. J’aurais quand même, fait une dalle en béton au lieu d’un plancher en bois. Car le bois demande beaucoup d’entretien. Une dalle béton m’aurait coûté moins chère dans le temps.
CAUE : Vous avez une anecdote avec la toiture, pouvez-vous nous expliquer ?
E.M : C’est une toiture deux pentes, avec une pente de 30°. Il y a une gouttière extérieure et une intérieure. J’ai dessiné la maison à l’envers en fait. J’ai commencé par la toiture pour ne pas avoir de découpe à faire sur les tuiles, les dimensions de chaque bloc obéissent aux dimensions des tuiles. En tant que charpentier-couvreur, j’ai commencé par le toit et j’ai fini par le sol.
CAUE : Cette maison est-elle auto-construite ?
E.M : Oui, je suis charpentier couvreur de métier. J’avais mon entreprise. J’ai construit cette maison.
CAUE : Pourquoi la villa sucrée ?
E.M : La maison s’appelle la villa sucrée. L’idée vient d’une cliente, madame Sainte-Rose, qui a peint sur chaque porte des fruits tropicaux. C’est pour ça qu’on l’a appelée la villa sucrée. De plus, le lotissement s’appelle lotissement « Canne à sucre ».
CAUE : Quels sont les sentiments partagés par les personnes qui viennent pour la première fois ?
E.M : Oui tout le monde est émerveillé par le patio. La maison s’ouvre et nous sommes dans un autre monde. Lors des pleines lunes, nous avons l’impression d’avoir le ciel pour nous, seuls.
Les plans
La Villa sucrée, Sainte-Luce, Martinique
Constructeur : Millet Charpente
Année : 2010
Emprise au sol : 411.26 m² – Surface de plancher : 127 m²
*Qu’est-ce que l’OSB ?