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Le mythique stade de Dillon

A l’extrémité Est du quartier Dillon à Fort-de-France, se situe le plus grand stade des Antilles Françaises. Ce dernier a d’ailleurs longtemps porté le nom du quartier avant d’être rebaptisé Stade Pierre Aliker en février 2007. Construit à partir de 1985 par l’équipe d’Alex Pierre Louis, architecte au sein de la mairie de Fort-de-France, le stade de Dillon est inauguré le 10 juin 1993. Sa capacité est de 16 300 places. Consacré principalement au football et à l’athlétisme, c’est principalement dans ce lieu que se déroulent les évènements marquants de l’île.

L’histoire du site

Avant que le stade ne soit construit, et avant même le quarter Dillon ne voit le jour, le site était un vaste champ de canne. Situé à environ 2 km de la ville basse de Fort-de-France, le quartier Dillon a connu des évolutions bouleversantes lors du 20e siècle. Dans un article édité par le CAUE, intitulée Regard sur le quartier Dillon, Mélodie Moutamalle, historienne-chercheuse et passionnée par la Culture et l’Histoire de notre île, partage ses recherches et permet au lecteur de découvrir Dillon autrement :

« Longtemps convoitées par la Ville de Fort de France, les terres de la plantation Dillon (350 hectares) sont vendues à la Société Immobilière des Antilles-Guyane (SIMAG) dans les années 1960. Durant cette décennie, avec la troisième phase de l’explosion urbaine foyalaise et l’extension des « habitats précaires », 40% des constructions de Fort de France sont alors réalisées sans autorisation et les quartiers « insalubres » regroupent un quart de la population de la ville. Les pouvoirs publics réalisent alors des ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité).

Cette époque marque le début des grands ensembles à forte densité de logements, qui transformeront le paysage péri-urbain de Fort-de-France comme Floréal, Bon-Air ou Morne Calebasse. Dans ce contexte, ces hectares de terres deviennent la « Cité Dillon » en 1967. Le programme de construction de Dillon comprend alors 1961 logements de différents types (971 individuels et 990 collectifs) avec différents niveaux de prestations ». 

L’implantation du stade municipal se fait donc sur la propriété de l’usine de Dillon, la ville ayant acheté ce complément de terrain pour un projet de complexe sportif – projet qui ne sortira jamais de terre, seul le stade sera construit.

Alex PIERRE LOUIS concepteur du stade raconte qu’initialement le concours d’architecture pour le projet Stade de Dillon avait été remporté par l’AUPTM (Architecture, Urbanisme, Paysage, Tiers-Monde), une coopérative regroupant des architectes, des paysagistes et des économistes antillais principalement originaires de la Guadeloupe, avec l’objectif de redonner vie à l’architecture créole. Le projet ne sera pas réalisé par l’équipe gagnante en raison des orientations politiques de l’un de ses fondateurs Jack Berthelot, auteur de l’ouvrage de référence sur l’art de vivre antillais « Kaz antiyè, jan moun ka rété »

Morphologie

Le stade de Dillon prend la forme classique d’un stade. En effet, un stade dit standard, est formé de deux lignes droites et de deux demi-cercles. D’une longueur de 240 m par 200 m de long, le stade est constitué de deux tribunes couvertes à l’Est et à l’Ouest. L’emprise du stade est orientée avec un léger décalage par rapport au plan hippodamien du quartier Dillon. Un plan hippodamien est un plan dans lequel les axes (routes, rues, avenues,) se croisent à angle droit selon une maille plus ou moins régulière.

Les tribunes mesurent 130 mètres de longs. Elles ne sont pas rectilignes, en leur centre, on peut remarquer que ces dernières sont légèrement brisées. Un angle de 8, 83° permet aux spectateurs placés au bout des tribunes d’avoir un meilleur un confort visuel pour regarder le terrain de jeu.

Les deux tribunes sont composées de 20 travées chacune. Hautes de 19m 80, les travées sont composées de poutres alvéolaires qui font au total 29m. Le porte-à-faux est quant à lui de 20 m.

Dans la tribune Ouest, des locaux annexes pour les arbitres, les juges et les retransmissions télé ont été installés sur les charpentes. Le poids de la toiture et des poutres sont repris sur des béquilles qui font la jonction entre le haut-vent en métal et les gradins en béton. Le stade possède de 8 portes d’accès dits « pavillons d’accès », et composées de demi-fermes métalliques.

Quelques dates marquantes

  • Du 3 au 5 avril 1999, le stade de Dillon accueille les 28e CARIFTA Games.
  • 1999 Johnny Hallyday s’y produit en concert.
  • Le 24 août 2005, il a accueilli la cérémonie d’hommage national pour les victimes de la catastrophe aérienne de la West Caribbean, en présence du Président de la République française Jacques Chirac et de son homologue vénézuélien Hugo Chávez.
  • Le 9 novembre 2005, l’équipe de France de football y a joué son premier match jamais disputé Outre-mer face à l’Équipe du Costa Rica de football et s’impose sur le score de 3 buts à 2 devant 16216 spectateurs.
  • Le 20 avril 2008, il a accueilli les obsèques d’Aimé Césaire, pour lesquelles s’est déplacé entre autres, le Président de la République Nicolas Sarkozy.
  • Le 21 juillet 2008, grand concert du groupe Kassav qui fête ses 30 ans, dans le cadre du festival culturel de la ville de Fort-de-France devant 20 000 spectateurs.
  •  Le 16 décembre 2009, concert de la star américaine Lionel Richie devant environ 10 000 spectateurs.
  • Le 20 novembre 2011, l’équipe de France de football féminin s’impose contre le Mexique 5-0 en match amical.
  • Du 19 au 21 avril 2014, le stade Pierre-Aliker accueille les CARIFTA Games. La piste d’athlétisme est rénovée pour l’occasion.
  • Le 14 aout 2024, le chanteur Kalash crée l’évènement en offrant un concert historique aux 23 000 spectateurs présents pour l’occasion

Photos ©CAUE de Martinique

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