Les couleurs au service du handicap et de l’accessibilité
Les couleurs sont très présentes dans notre environnement, on les trouve dans la nature, sur les objets, et particulièrement sur les constructions et les aménagements qui font partie de notre cadre de vie. Certaines d’entre elles ont été utilisées pour établir des codes, faciles à comprendre et à repérer par tout le monde, pour créer un langage universel à travers des pictogrammes . Ainsi, des informations et des messages destinés à tout un chacun, qu’il s’agisse de personnes en situation de handicap, ou en situation handicapante (par exemple un touriste ne parlant pas la langue) sont rendues accessibles grâce à leurs formes et à leurs couleurs.
La signalétique
« C’est la science de la signalisation. Elle est fondée sur une sémantique iconique et/ou langagière, c’est-à-dire utilisant des signes (chiffres, pictogrammes, logos, couleurs symboliques…) et/ou des mots. Par extension, la signalétique désigne l’ensemble des éléments d’une signalisation. Elle est apposée sur des murs, au sol ou sur des panneaux pour informer, guider et faciliter l’orientation et les déplacements dans l’espace public ou des lieux semi-publics. Parfois bilingue ou multilingue, elle concerne des représentations et indications spatiales, temporelles ou d’objets, de propriétés d’objets ou de lieux (dont localisation et chemins d’accès), elle formule des autorisations, recommandations ou interdictions d’actions concernant des lieux, tâches, cheminements, situations ou objets, temporaires ou permanentes ».
L’utilisation des couleurs pour compenser le handicap
Dans le quotidien des personnes présentant un handicap, l’utilisation des couleurs est encore plus perceptible. On pourrait naturellement penser aux déficients visuels pour qui les formes et les couleurs sont des repères essentiels (les daltoniens, les malvoyants, les personnes âgées ou les personnes ayant une capacité visuelle dégradée de manière temporaire), mais on se rend compte que ces codes couleurs établis par l’homme concernent finalement tous les types de handicaps.
L’idée d’associer les couleurs aux aménagements pour tous les handicaps permet d’améliorer l’accessibilité, la qualité d’usage des espaces publics, en assurant un rôle fondamental de compensation. Ainsi, les personnes ayant des déficiences sensorielles diverses, motrices, ou cognitives, mais également le reste de la population en matière de guidage (guidage de proximité ou repérage à distance) bénéficient de ces associations de couleurs, de contrastes associés, d’éclairage adaptés, et de plus de sécurité dans leurs déplacements.
Des couleurs pour mieux se repérer
Les couleurs participent à l’accessibilité universelle. Elles jouent un rôle important dans la mise en accessibilité de locaux ou d’espaces publics et dans l’élaboration de la chaîne de déplacement pour une personne présentant un handicap.
Les couleurs doivent être utilisées, associées et contrastées, éclairées pour chaque maillon de la chaîne (le stationnement, les cheminements extérieurs, les accès, la circulation intérieure, …).
La couleur a donc la capacité d’influencer la perception de l’espace, d’améliorer le repérage, de faciliter les déplacements et de sécuriser.
Les contrastes des couleurs permettent d’obtenir des résultats probants en termes d’accessibilité, lorsqu’ils sont utilisés dans le choix de revêtements ou de peintures pour les sols, les murs, les plafonds et les portes, dans la mise en place de dispositifs d’éveil à la vigilance ou dans la signalétique d’un établissement. Les couleurs contrastées aident au repérage et à la compréhension des lieux, elles améliorent également la visibilité des personnes âgées qui peuvent souffrir d’un jaunissement de la vision colorée.
Un éclairage associé à des couleurs claires peut rendre une zone d’attente, une pièce, un couloir plus lumineux, attractifs et rassurants. Les teintes claires sont donc à privilégier sur les grandes surfaces murales. Des teintes grisées, ou des blancs colorés, auront un indice de réflexion plus élevé et optimiseront l’éclairage, permettant des économies d’énergie.
Certaines couleurs sont à proscrire sur certains supports, par exemple la couleur rouge qui est presque perçue comme le noir dans l’obscurité, elle peut être anxiogène, et donc à éviter sur de larges surfaces dans une zone de stationnement. Un mur noir donne une impression de vide (« trou noir ») et ne favorise pas non plus la circulation et le confort psychologique.
La couleur aide le handicap mental
Lorsque les personnes présentant un handicap mental se déplacent sur un site, elles peuvent rencontrer différents obstacles : absence d’homogénéité quant à l’utilisation des pictogrammes et de la signalétique, rupture de la chaine de déplacement, dimension artistique des pictogrammes, localisation du plan et de la signalétique, compréhension de l’information, etc.
C’est pourquoi l’UNAPEI (l’Union Nationale des Associations de Parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis) a élaboré un guide pratique à l’attention des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre pour les aider à traduire de manière opérationnelle les objectifs d’accessibilité de la réglementation.
Le pictogramme S3A (Symbole d’Accueil, d’Accompagnement et d’Accessibilité)
L’UNAPEI, a également créé le pictogramme S3A pour mieux prendre en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées mentales dans l’ensemble des domaines associés à l’accessibilité, mais aussi pour toute personne ayant des difficultés de compréhension ou d’orientation. Il identifie et signale les structures, produits, services et prestations de toutes natures qui sont accessibles à ce public. Il est apposé sur des guichets, des lieux de passage, produits ou documents, il devient alors un médiateur qui lui permet d’être rassuré et ainsi d’oser s’exprimer.
Ce pictogramme a été normalisé en mai 2000 à la suite d’une collaboration avec l’Afnor (Association française de normalisation) et un ensemble de partenaires (SNCF, La Poste, Direction des musées de France, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, École supérieure Estienne, etc.).
Le bleu et le blanc utilisées depuis plus de trois décennies pour tous les pictogrammes qui sont en rapport avec le handicap ont été également choisies pour le S3A.
L’accès à l’information est une composante essentielle de la politique d’accessibilité du cadre de vie voulue par le législateur. Ainsi l’arrêté du 1er août 2006 relatif à l’accessibilité des établissements recevant du public précise que les informations fournies aux visiteurs par le moyen d’une signalisation visuelle ou sonore doivent «pouvoir être reçues et interprétées par un visiteur handicapé» et que les éléments de signalisation doivent être «visibles», «lisibles» par tous et «compréhensibles» notamment par les personnes atteintes de déficience mentale.
M.Bucher
Conseiller Habitat et Accessibilité
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