CAUE Martinique

Pour ne plus construire comme à 8000 km

Selon le dictionnaire Larousse, le climat se définit comme “étant l’ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère en un lieu donné. C’est l’intégration de l’ensemble des conditions météorologiques sur une période très vaste.” La météorologie, quant à elle, est un état du temps et de l’atmosphère d’un lieu précis sur une journée ou une semaine. 

La notion d’échelle est primordiale en climatologie. Par exemple, en parlant d’une vaste zone, c’est le terme “macroclimat” qui sera utilisé. De plus, si la recherche se focalise sur un climat à l’échelle intermédiaire, alors il s’agit de “mésoclimat”. Lors de la conception de projets architecturaux, l’architecte qui dispose d’un site devra étudier le “microclimat” du site qui dépend de facteurs à plus petite échelle.

Le climat dépend de paramètres tels que :

Selon la classification de Koppen, il existe cinq types majeurs de climats :

Dans le cadre de cette étude se rapportant aux régions antillaises, nous étudierons le climat tropical caractérisé par des paramètres déterminants qui sont :

Dans ce même climat tropical, il est possible de trouver trois sous-types de climat :

 

 

 

Fig. 1 : Ceinture tropicale (ONU-Habitat)

Le climat tropical est divisé en plusieurs sous-grands types tels que

Le climat des Antilles françaises, qui se trouve être aussi celui des Antilles en général, est un climat tropical humide de type océanique, encore appelé climat tropical humide maritime. Les conditions climatiques en zone Antilles sont étroitement liées aux positions respectives de l’anticyclone des Açores, qui dirige l’alizé d’Est à Nord-Est, et de la Zone de Convergence Inter Tropicale (Z.C.I.T.)

“Le climat tropical humide océanique, celui qui nous intéresse, a comme le climat tropical équatorial un ensoleillement fort moyennement et une couverture nuageuse importante. Cependant la température est plus élevée la plupart du temps : 27° C voire plus en période chaude vers les mois de juin à septembre, où elle atteint le 30° C à 32° C. La pluviométrie est importante et le vent moyen est moyen à fort. Face à ces différences climatiques, les stratégies architecturales vont différer. La climatisation artificielle sera indispensable en climat équatorial car le vent faible ne suffit pas à réduire la sensation de chaleur tandis que la climatisation naturelle sera possible pour le climat tropical océanique car la vitesse du vent est moyenne et forte.”

En Martinique, selon les chiffres de la DEAL, il y a 49 ZNIEFF qui recouvrent environ 8.4 % du territoire et qui sont gérées par le Parc naturel régional de Martinique (PNRM), il y a notamment 2 réserves naturelles et 13 arrêtés de Protection Biotope (APB) sont également établis, 12.4 % du territoire est couvert par des forêts soumises au régime forestier et gérées par l’Office National des Forêts (ONF), des sites inscrits et classés sont recensés sur 9.4 % de l’île ainsi que 88 monuments historiques. Notre climat permet la présence de richesse à protéger.

Aux Antilles françaises, la saison sèche est appelée “carême” et la saison des pluies “hivernage”. Cependant, il existe des périodes d’intersaison qui font le lien entre ces deux saisons.

La moyenne des précipitations et des températures au Lamentin, en Martinique, de 1971 à 2000, est frappant car s’y retrouvent des pluies constantes avec une température passablement agréable toute l’année. Lorsque les pluies augmentent en saison humide, l’humidité croît et les chaleurs deviennent plus élevées.

 

 

 

 

Fig. 2 : Diagramme moyenne 1971-2000 des précipitations et températures au Lamentin (Sources : météo.fr)

Selon Christophe Valère Montout, responsable de l’unité de climatologie de Météo-France en Guadeloupe, il existerait une certaine saisonnalité quadripartite avec le carême qui se déroule de la mi-janvier à la mi-avril. Lors de cette période, il n’y a pas de cyclone. “L’anticyclone des Açores se décale vers le sud et les différences de pression, bien marquées sur l’Atlantique tropical, dirigent sur les Antilles un flux d’alizé régulier et soutenu en force et en direction. Cela procure une sensation de confort grâce à l’importante ventilation. Les températures maximales atteignent 28 à 30 degrés l’après-midi. Le temps est ensoleillé et peu pluvieux. Les nuages, peu développés, donnent quelques averses, essentiellement en fin de nuit.”

Puis, viendrait ensuite une intersaison jusqu’à la mi-juin, suivie tout de suite par l’hivernage qui s’étendrait jusqu’à novembre. Cette période de l’année connaît des cyclones et des tempêtes tropicales car le temps sera plus chaud et plus humide. “L’anticyclone des Açores remonte vers le Nord, la force de l’alizé diminue. La Z.C.I.T. se rapproche des Antilles. Les averses sont plus nombreuses et parfois intenses. Elles se produisent généralement en cours d’après-midi. Les températures sont plus élevées et atteignent 31 à 32 degrés l’après-midi. L’humidité est très forte, et le vent souvent faible, donnant parfois une sensation de temps lourd et d’inconfort climatique.”

Enfin, pour boucler la boucle, il y aurait “l’avent”, nom donné par nos anciens, qui correspondrait à une deuxième inter saisonnalité.  Ainsi, ces facteurs climatiques influenceront indéniablement la façon de concevoir l’architecture en milieu tropical humide maritime. Ce climat propre à nos îles se veut agréable mais peut se montrer parfois exécrable.

En conclusion, le climat tropical est une richesse. Il est créateur d’architectures plurielles et diverses. C’est un environnement fort agréable avec lequel il faut construire et concevoir. Et nous ne pouvons pas en tant que concepteur appliquer une recette pour tous les sites, il faut tenir compte des particularités du contexte dans lequel nous nous inscrivons. Sur une île, le climat ne sera pas très différent, mais les spécificités du microclimat rendront le projet plus agréable à vivre. Il y a des enjeux locaux propres au site.

Photo : Foret de Cœur Bouliki (Saint-Joseph) Gerald Beaujour 

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